La Banque centrale européenne sort une nouvelle fois de son pré-carré monétaire pour adresser des messages politiques aux gouvernements européens. L`Europe et ses Etats membres « ont besoin de réformes complètes et adoptées dans une bonne séquence afin de relever le potentiel de croissance et renforcer les soutiens de l`Union économique et monétaire. Nous en avons besoin maintenant », a déclaré, vendredi, Benoit Coeuré, membre du directoire de l`institut d`émission, dans un discours prononcé à Berlin.
Une politique de taux bas pas populaire en Allemagne
Plus tard dans l`après-midi, le président de la BCE, Mario Draghi, doit s`exprimer à son tour à Munich, la capitale de la Bavière, où la politique monétaire ayant amené les taux au plus bas n`est pas populaire... La BCE emploie les grands moyens pour éloigner les craintes de déflation en zone euro. Mais elle aimerait ne pas agir seule. Selon elle, les gouvernements n`ont pas suffisamment pris le relais en adoptant des réformes qui seraient de nature à amplifier les effets positifs de la politique d`argent abondant et pas cher . Au lieu de cela, plusieurs Etats de la zone euro se concentrent sur les scrutins à venir - l`Espagne, Italie, puis les Pays-Bas, la France et l`Allemagne en 2017 - tandis que le référendum britannique du 23 juin pourrait signifier, en cas de victoire du Brexit, un début d`éclatement de l`Union européenne.
La France à la traîne
Selon Benoît Coeuré, les réformes à prendre doivent couvrir un large spectre de mesures, en ne se limitant pas au marché du travail. « Les réformes structurelles concernent aussi le soutien à l`innovation, la concurrence et la lutte contre les structures monopolistiques et basées sur la rente », a-t-il souligné. De même la gouvernance économique en Europe a des progrès à faire pour achever la construction d`un marché unique, une condition préalable pour que l`Union économique et monétaire puisse mieux fonctionner.
la « bonne séquence »
Tout en soulignant les réformes récemment adoptées dans plusieurs pays en crise - Espagne, Italie, Portugal et Grèce - pour lever des rigidités coûteuses sur leur marché du travail, Benoît Coeuré voit la France « encore à la traîne » sur le sujet. Bien qu`il y ait un « débat en cours » sur la réforme du marché du travail en France, il faudra voir si le texte adopté in fine aura un effet significatif pour « abaisser le taux de chômage d`équilibre », celui où un nombre suffisant de travailleurs retrouvent un emploi pour un salaire donné.
La bonne séquence des réformes serait, selon le Français, de libéraliser les marchés des produits et services avant de s`attaquer à réformer le marché du travail. Or, les gouvernements européens ont plutôt agi en sens inverse, pensant que l`impact d`une grande réforme pour l`emploi serait plus fort qu`une multitude de mesures s`appliquant sur différents marchés.
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